lundi 23 mars 2009

Ca c'est du fromage de chèvre

Alors alors, quoi de neuf au Ponja ?
Les fleurs continuent de s'épanouir. En attendant la star, le cerisier, on peut toujours se rincer l'oeil avec les fleurs de pêche

Ah non pardon ça c'est la vue de notre fenêtre sur le Mont Fuji au soleil couchant

Voilà un pêcher. L'angle est pourri parce qu'on était en retard et que j'ai du faire en sorte de virer du cadre deux cagoles japonaises qui se mouvaient mollement vers mon objectif. Je sais pas pourquoi les Japonais aiment moyen les fleurs de pêche, ils méprisent un peu même ces grands pétales blancs. C'est surement trop vulgaire pour leur esprit fin et raffiné. Et puis tout le monde préfère les cerisiers alors pourquoi réfléchir sur les pêchers. Moi je préfère les pruniers mais ça c'est parce que j'ai un esprit autonome et hors-norme car j'ai grandi avec le câble.

N'empêche que nous vendredi, on a vu en exclu les premiers cerisiers du Kantô ! Même qu'on garde jalousement ces images pour nous. En plus on était tous seuls, malgré le fait que vendredi était férié (oui c'était le jour du printemps, et le jour du printemps au Japon c'est férié. je sais pas non plus). Les gens étaient plus occupés à visiter en famille le nouveau centre commercial de la gare de Koganei. Eh ouaiiiis Koganei ça bouge trop ! Koganei est dans le vent maintenant ! Ca commence avec un centre commercial et peut-être qu'on aura bientôt droit à notre Starbucks et notre Mister Donuts ! (Laurent me fait signe qu'IL Y A UN MISTER DONUTS dans le nouveau centre commercial de Koganei).

Maintenant des photos gratuites de nourriture anti-stress

Thé au citron et triffle préparés avec amour par Kiyoshi

Et samedi je suis sortie sans Laurent, et je suis allée faire des trucs de filles : après avoir dépensé le salaire mensuel d'un cambodgien en ingrédients et ustensiles pour continuer à être belle et rebelle, c'est-à-dire semie-autonome cosmétiquement parlant, je suis allée manger un parfait au matcha.
(Et d'ailleurs parenthèse en parlant de semie-autonomie et tout ça, la semaine dernière j'ai enfin fabriqué mon premier savon ! Youpipi ! Je dois encore attendre minimum trois semaines avant de l'utiliser, mais je m'en fiche ! D'ailleurs je voulais en parler dans le post précédent, et j'avais même fait un titre en rapport ("les liens se soudent"/la soude caustique ingrédient indispensable dans le processus de saponification, tout ça) mais j'ai été dépassé par la rapidité de mon écriture spontanée. Bientôt, BIENTOT, je me mets aux crèmes et aux lotions toniques)
Parfait au matcha donc. Comme tous les autres gens qui attendaient déjà avant moi formant de la danse de leurs corps et de leurs gestes une file d'attente. Yen a trop des gens, dans cette ville !
Heureusement qu'une fois rentrés, on se fout pas de toi :

De l'espace devant, de l'espace à gauche et à droite pour mettre tout ses sacs de course, et un fauteuil désigné par Jésus surement, tellement qu'il est confortable et qu'il t'aime. Et puis, un parfait au matcha. Le parfait, ça vient surement de chez nous et je sais pas à quoi ça ressemble à l'origine, mais ici ça désigne une énorme coupe glacée avec plein d'étages de choses différentes.

Ici nous avions (pour ce dont je me souviens): gauffrette, glace au matcha, softcream au matcha, gelée de matcha, shiratama, chantilly, banane, pêche blanche, pêche jaune, et encore de la gelée au matcha. Ca va on est bien tombés, le salon de thé sait garder son image de marque et réussi à faire d'un dessert vulgaire une coupe de glace classe, à son effigie J'ai pas le même souvenir de mon premier parfait, pourtant surement plus répandu (sous la couche de glaces et sirops aux différents parfums des frosties, et sous les frosties des dés de gelée plein de sirop de sucre)

C'était l'orgie parce que j'essaie de faire gaffe le reste de la semaine quand même. Ce soir pour ne pas transgresser à la règle je me suis fait un dessert de saison : fraises, bananes, shiratama (enfin quand c'est moi qui les fait c'est plutôt des shirasara, HO HO HO amis bilingues bonsoir), soupe crème - crème anglaise, sésame noir et kinako.

Rien d'effrayant en soi n'est-ce pas.

Finissons encore par des nouvelles du temps qui passe dans notre pays hôte. Si vous pensez à un fruit japonais, vous pensez à quoi ? Si vous pensez aux cerises vous êtes aussi bêtes que moi. En fait j'ai découvert grâce aux étalages de mon supermarché préféré qu'apparemment les fruits qui règnent au Japon, c'est les agrumes. De là une étude sociologique très intérressante sur les différentes particularités gustatives des agrumes et leur influence sur le raffinement des estampes.

Le fruit du jour, c'est le haruka !

De l'extérieur, il est tout rond et jaune. Ca sent un peu comme le yuzu. Ca s'appréhende un peu (je suis pas super fan de yuzu...) A l'intérieur, ça ressemble à une agrume. C'est toujours rassurant. Et enfin en bouche... c'est sucré ! Presque pas acidulé, ça glisse tout seul ! C'est très bon. Et très intéressant. Moi je trouve que associer Japon et agrumes tout de suite ça efface un peu le côté méditation sous les fleurs et légèreté et éphémère du monde flottant.
Ca casse un peu un mythe, quoi, un peu ! T'as vu.

Rattrapons la chose avec une photo pleine de suspens.

dimanche 15 mars 2009

Les liens se soudent



Il est beau hein le gâteau que m'a offert Kiyoshi mon collègue pour le White Day. Et en plus, il est bon comme du nutella.
Tiens d'ailleurs jme demande si je trouverai un jour un japonais qui aime vraiment le nutella, j'entends par là qui arrive à manger plus d'une demie-tranche de manière régulière.
Bon et ce gâteau, apparemment il a reçu un prix trop classe. C'est sûrement pour ça qu'il est bon comme du nutella. Et en plus, l'emballage est chouette, et le nom de la boulangerie ("à tes souhaits!") fait étrangement pas français bizarre utilisé parce que ça fait bien d'avoir un truc qui sonne en ouain et en hon.


Bref après qu'on m'a offert un aussi beau cadeau en remerciement de mes financiers chocolat-cannelle de génie, Laurent s'est senti un peu dépourvu. Du coup il m'a emmené prendre le train pendant six ou sept heures. Un moment on a fait une pause et sous la pluie on est tombé sur quelques centaines de pruniers plus ou moins en fleurs



Mais bon, des arbres, on en voit un on les voit tous. D'ailleurs sur la photo c'est pas un prunier mais un cerisier. Un prunier c'est plus blanchouillet, comme l'arbre au premier plan.


Voilà ce qui est neuf au Japon en ce moment, tout le monde suit avec impatience les floraisons successives des arbres. Dans une société où les activités collectives favorites sont regarder les fleurs et faire la queue, finalement on ne s'étonne plus que les gens ne trouvent pas ça long de passer 14h au bureau par jour.

Moi par exemple ce week-end j'ai été productive, j'ai atteint un nouveau stade dans l'évolution de mon Moi futur, j'ai fait mon premier savon ! Héhéhéhéhé... Là il dort dans sa serviette de bain, demain je le coupe, dans six semaines je peux l'utiliser !

Tout ça c'est pas très intéressant. Je vais plutôt vous montrer une scène typique de vie japonaise : le début de soirée le vendredi.



Ah non ça c'est juste la vue du Mont Fuji de la fenêtre, c'est pas très intéressant. (je m'en lasse pas)

dimanche 1 mars 2009

Pourtant, que la montagne est belle....



Il neige enfin chez nous les mecs ! On va p'tet avoir 5 cm demain vers 6h du matin. J'ai hâte d'aller au travail pour resserrer mes pores.

J'aimerais pour une fois ne pas être négative et raconter comme elle était bonne ma semaine.

Laurent étant parti voir des paysages magnifiques dans une région où les gens étaient gentils et les touristes étrangers en shorts néants, j'ai dû gérer le vide de son absence en retournant à l'état primal de fille. En trois jours j'ai acheté trois paires de chaussures, pour 15€ de confitures aux parfums subtils tel que myrtilles - sirop d'agave, je suis allée seule au kaiten-zushi, ai fait des masques au matcha et j'ai mangé ce genre de choses, seule ou accompagnée par de la gente féminine, toujours.




Ce dernier gâteau violet est une tarte à la patate douce violette. Heureusement qu'elle est jolie en photo parce qu'en vrai elle était vaguement fade. D'où la nécessité de la charger en calories pour mieux apprécier sa saveur.





Avec Miki on est allées se promener à Shimbashi. Un endroit un peu froid de l'extérieur mais très luxueux à l'intérieur, avec des chaises d'art déco pour attendre ses copines aux toilettes. C'est sûrement prévu pour que les salary-man un peu friqués qui bossent dans ces grands buildings aillent en mettre plein la vue à la nana du 27ème qui avait bien prévu son coup avec son nouveau rouge à lèvres repulpeur Chanel, lui-même aidé par les pieds de porc bourrés de collagène mangé la veille.

J'ai fini ma semaine de livraison à moi-même en me faisant coiffer, maquiller et habiller pour la dernière fois par ma bande de jeunes étudiants beaux, créatifs et passionés. Regardez, j'ai des amis !



Tout ça a abouti sur une séance photo, qu'apparemment j'ai plutôt bien réussi. Je peux enfin dévoiler mon moi véritable, qui s'aime et qui aime le dire : j'étais bonne en fille triste et perdue dans la forêt. Je trouve que se faire lancer des fleurs comme ça était une bonne clôture pour ma demi-semaine de fille, parce qu'une fille ça aime être flattée et chouchoutée n'est-ce pas ?
On est censé rester en contact, on est même censé aller manger des sushis et de l'omelette à Tsukiji ensemble un matin. SVP ;_;

Après tout ça, montagnes et onsen. Le tout sur un rythme très intense de manger - dormir - manger - onsen - manger - ballade dans la montagne - onsen - etc.

Les paysages et la nourriture étaient banals.







Alors pour entrer dans une vision profonde du Moi intérieur des Japonais, un cadavre de maison rasée.



Des boîtes à dons pour la survie des temples. Mais comme les Japonais n'ont plus aucune respect pour rien, elles sont remplies de clopes froides.



Des chiottes désafectées. Je trouve qu'on sent bien dans cette représentation pudique du corps de la femme une certaine poésie et finesse, surement héritées des estampes du monde flottant.



Laurent qui ressent toute la poésie et la finesse héritées des estampes du monde flottant.



C'est un peu la campagne là-bas, alors les gens sont encore un peu benêts, un peu bloqués dans leur superstitions à deux yens du style Dieux-du-bord-de-la-route et gentils animaux enchantés. Alors on retrouve un peu partout des statues étranges, voire de mauvais goût.





Moi j'en a eu un peu marre de tout cet attardement alors j'ai forcé Laurent à rentrer vite et je suis allée faire la queue pour aller acheter des donuts. Comme tous les Japonais normaux le dimanche.



Laurent lui est un peu resté bloqué dans toute cette finesse et cette poésie sûrement héritées des ancestrales estampes du monde flottant. Même le poisson le plus moche du monde semble être comme attiré par la force pénétrante de son aura.



Pour finir en bouffe, j'ai bien aimé ce thé à l'érable. Il était parfait entre mon hamburger à l'ananas - supplément gouda et ma glace vanille - cookies avec un concept GENIAL d'expresso à verser dessus qui donne comme résultat un genre de soupe mi-chaude mi-froide, mi-amère mi-sucrée, enfin j'ai kiffé grave j'ai été inspirée toute la journée et j'ai pensé à créer ma secte, jusqu'à ce qu'on se calme tous les deux et qu'on achète un grille-pain retro vintage.